Campagne de sensibilisation: valoriz drwa zanfan morisien !

Campagne de sensibilisation: valoriz drwa zanfan morisien !

Ratifiée en 1990 par Maurice,  la Convention internationale des Droits de l’Enfant reste encore bien méconnue des citoyens, petits et grands, selon Angélique de La Hogue, Programme  Manager de l’ONG TIPA. D’où le lancement d’une grande campagne intitulée «Valoriz Drw Zanfan Morisien», le 4 novembre, par le KDZM, dont fait partie TIPA.

 

Quelle est la situation des droits de l’enfant à Maurice ?

La situation à Maurice reste alarmante, avec encore trop de situations insupportables où les droits des enfants sont bafoués. Il y a encore beaucoup à faire et je pense que ce n’est qu’en mobilisant tous les acteurs de l’État et de la société civile que nous pourrons améliorer durablement la situation des enfants à Maurice.

 

Qu’en est-il de la collaboration entre le KDZM et les institutions publiques, notamment le ministère de l’Égalité du genre, du développement de l’enfant et du bien-être de la famille ?

La collaboration entre la société civile et le gouvernement est cruciale. Une collaboration entre Aurore Perraud, ministre de l’Égalité du genre, du développement de l’enfant et du bien-être de la famille, et le KDZM est en train de voir le jour. Cette collaboration a débuté, notamment avec une longue réunion de travail sur le Children’s Bill le 1er octobre. De concert lors de cette rencontre entre le ministère et le KDZM, il a également été décidé de consacrer un mois à la sensibilisation des citoyens mauriciens sur les droits de l’enfant. Point d’orgue de cette campagne, la Journée internationale des droits de l’enfant, le 20 novembre. Nous saluons l’ouverture de la ministre Perraud par rapport à cette collaboration ; le KDZM continuera à faire remonter les situations problématiques  concernant les réalités des enfants pour que cette collaboration fasse vraiment avancer leurs droits.

 

Pour vous, la défense et la vulgarisation des droits de l’enfant doivent-elles devenir l’affaire de tous, au-delà des ONG, des éducateurs, des institutions déjà engagées dans la protection de l’enfance ?

La situation de la société est l’affaire de tous, et nous avons une responsabilité supplémentaire par rapport aux enfants qui ne peuvent se protéger sans l’aide des adultes. Chaque citoyen a un rôle à jouer ; d’une part, les enfants doivent connaître leurs droits, ainsi que la responsabilité de respecter ceux des autres, et d’autre part, les adultes doivent connaître les droits des enfants  afin de mieux les protéger. Nous donnons d’ailleurs rendez-vous au grand public : parents, enfants, autres ONG etc. le vendredi 20 novembre, à la place Margéot, à Rose-Hill, afin de mieux connaître les droits des enfants et les responsabilités qui y sont associées.

 

Concrètement, comment l’ONG TIPA que vous coordonnez oeuvre pour les droits de l’enfant? L’équipe a-t-elle des articles de prédilection de la Convention ?

Dans nos interventions dans les écoles ZEP, nous consacrons plusieurs activités aux articles de la Convention des droits de l’enfant, notamment celui relatif au droit à l’expression. Les 380 enfants avec lesquels nous travaillons découvrent cet article de façon ludique à travers des classes d’art plastique et de théâtre. Nous avons également des outils pédagogiques de renforcement positif basés sur les droits et responsabilités en classe. Ces outils sont transmis aux enseignants et à une quinzaine de parents de la région de Tranquebar.

 

Quels sont le rôle et les objectifs du KDZM? Son impact en tant que réseau fera-t-il la différence selon vous, par rapport au travail de sensibilisation que mènent les ONG chacune de leur côté toute l’année?

Le KDZM prône le respect des droits de l’enfant à Maurice à travers une meilleure collaboration avec différentes  institutions publiques, des propositions constructives et des recommandations concrètes pour les amendements légaux et l’allocation des budgets nationaux et une grande collaboration avec des organisations internationales. Le comité de l’ONUà Genève a d’ailleurs reçu le shadow report du KDZM sur la situation des droits de l’enfant mauricien en mars 2014, Child Rights Connect a aidé la représentation de deux personnes du KDZM aux auditions à Genève auprès des experts des Nations Unies sur les droits de l’enfant. Des experts qui ont apprécié que le KDZM organise via Skype les témoignages du vécu des enfants de rues mauriciens et d’autres porteurs de handicap. Témoignages ciblant leurs difficultés dans la société d’aujourd’hui. La spécificité de l’action de chaque ONG est importante et permet une certaine «spécialisation» dans la résolution de telle ou telle problématique. Néanmoins, la constitution d’un collectif qui regroupe 11 ONG, le département psychologie et counselling de l’Institut Cardinal Jean Margéot et deux membres individuels, nous apportent une complémentarité concernant d’une part, les thématiques de la Convention (santé, éducation, système judiciaire, violence etc.), et d’autre part, les problématiques et réalités vécues par les enfants. Nous pouvons, de ce fait, refléter autant la situation générale que spécifique, concernant la situation des droits des enfants.

 

En plus de cette campagne de sensibilisation, le KDZM travaille aussi sur le plaidoyer pour des changements concrets, législatifs, institutionnels..Un gros travail en «backoffice», peu connu du grand public, qui pourrait aboutir sur quoi dans le meilleur des cas ?

Le KDZM souhaite le vote prochain d’un Children’s Bill attendu depuis plusieurs années et prenant en compte les apports des différents acteurs notamment les ONG, dans l’intérêt supérieur de l’enfant, avec une protection accrue dans les différents domaines de sa vie. Les membres du KDZM espèrent aussi de tout coeur une réforme de la justice pour enfants et des institutions de réhabilitation pour les mineurs en conflit avec la loi, à savoir le CorrectionalYouth Centre et les RehabilitationYouth Centres. Nous attendons également une refonte de la loi sur l’adoption d’enfant, avec une nouvelle institution d’information et de régulation. Aussi, une meilleure prise en charge, éducative notamment, des enfants porteurs de handicaps divers..

 

Pour l’éducation en particulier, quelles sont les attentes de TIPA et du KDZM, qui rassemble aussi notamment l’Adolescent Non Formal Education Network, Autisme Maurice et le département psychologie et counselling de l’ICJM ?

La réforme de notre système éducatif est en marche avec le Nine-Year Schooling. Nos attentes portent sur l’enseignement des valeurs citoyennes et des droits de l’enfant à l’école, avec une méthode d’enseignement valorisante pour les enfants, dans le respect de la langue maternelle. Le ministère devra également s’atteler au problème des punitions corporelles et de l’emploi du langage humiliant, qui malgré l’interdiction, sont encore pratiqués par nombre d’enseignants, qui disent ne pas savoir faire autrement pour gérer les enfants «difficiles». Par ailleurs, le pays a encore des progrès à faire concernant la non-discrimination envers les enfants handicapés en matière d’éducation.

Source: https://lexpress.mu/article/271027/campagne-sensibilisation-valoriz-drwa-zanfan-morisien